Maquette du monastère au XV ème siècle
Monographie sur Savigny
Voici des renseignements plus précis recueillis dans une
monographie réalisée en 1979 par les élèves de la classe Cours Moyen 2ème
année de l'École Publique Mixte de Savigny.
(Classe de Monsieur Hernandez)
Nous vous livrons en direct la partie historique
de leur travail.
Cours
Moyen 2ème année de l'École Publique Mixte de Savigny
(classe de Monsieur HERNANDEZ).(en 1979)
B
Valérie |
G
Laurence |
Nous
remercions toutes les personnes qui ont bien voulu nous apporter leur aide, et
en particulier,
Monsieur B André - secrétaire de mairie
Monsieur & Madame B Dominique
Monsieur P Jean Pierre
Monsieur ROLLET - Maire
Madame B
L'histoire
de SAVIGNY, c'est essentiellement celle de son abbaye plus que millénaire.
Celle-ci
étant fort longue et mouvementée, nous n'en étudierons que les chapitres
propres à montrer ce que fut la vie, la puissance et le déclin de la vénérable
institution.
LA FONDATION DE L'ABBAYE
C'était un monastère bénédictin dédié à Saint-Martin.
Étant donné que la première charte le mentionnant date de 817, on peut supposer
qu'il aurait été fondé au cours de la seconde moitié du VIII ème siècle.
Au cours du IX ème siècle, l'abbaye se développa assez considérablement, si
bien qu'un parti de Hongrois la pilla aux alentours de 940. Les moines furent
dispersés et les documents sur l'origine détruits.
ORGANISATION DE LA VIE MONACALE :
LES DIGNITAIRES
L'abbaye avait un chef, l'abbé, à qui on devait l'obéissance absolue.
Il devait fournir le vin à consommer du 17 décembre au 8 février, et de la
Saint-Jean au 31 octobre ; exception faite des trais derniers jours d'août, les
trois doyens en étant chargés.
Elle avait aussi un grand prieur, un chamarrier qui avait la charge du trésor, un prieur claustral, le grand cellerier qui était son économe, le petit cellerier, le grand sacristain qui avait soin de la sacristie, l'hôtelier qui était chargé de recevoir les nobles, les religieux, les "honnêtes personnes" à qui il devait trois repas et le coucher. L'aumônier qui devait réciter la messe, la communier, les doyens de Lanay, de Taylan et de Courzieu, le capistol qui était maître d'école et chantre, l'infirmier, le pitancier qui devait distribuer la pitance, le petit sacristain, le réfecturier qui donnait le pain et le vin aux frères dans le réfectoire, l'ouvrier qui était chargé principalement de réparer les toitures, le cruisier qui entretenait une lampe ardente devant la croix, le Prieur de Vallorgues, le chambellan qui régissait tout ce qui concernait le service intérieur de l'abbaye, le chancelier -gardien du sceau de l'abbé- et que nous nommerions aujourd'hui le secrétaire général.
la chamarrerie l'hôtellerie
LE RECRUTEMENT
L'abbaye
était animée par les cadets de familles nobles.
En effet, les principaux dignitaires, et principalement l'abbé, devaient
prouver quatre quartiers de noblesse, tant du côté paternel que du côté
maternel.
Cette règle impérative fut la source de difficultés de recrutement lorsque la
noblesse devint moins prolifique.
bel exemple pan du rempart
de l'art "françois"
JUSTUS
|
825 |
Au
début du XI ème siècle, DURANT I (1007) fit construire le château de
Montrottier pour défendre l'abbaye contre les violences du Comte de Forez en
guerre contre l'Église de Lyon.
En 1010, l'évêque de Maurienne lui céda -en Savoie- l'église de Saint Vérand
d'Erbin.
Sous ODILON (venu de Cluny), vers 1144, l'abbaye s'enrichit : propriétés dans
les diocèses de Lyon, Mâcon, Genève, Lausanne, Saintes en Aquitaine et Die en
Provence.
LENTO a donné à Savigny les églises de Louvagny et de Saint-Jorioz dans le
diocèse de Genève.
DALMACE fut le Plus célèbre des abbés ( il fera l'objet d'une étude
particulière).
En 1078, BERARD reçut confirmation de la donation de l'église de Saint Paul
d'0ingt.
ITIER II reçut les églises de Joux et de Violay.
Humbert
de Beaujeu lui fit don de l'église d'0uilly. Il revendiqua l'église de Lutry
et en reçut plusieurs dans le diocèse de Saintes en 1093 et 1097.
L'abbé RICHARD fit construire une forteresse dans la montagne de "Popée".
La famille d'ALB0N fournit une succession d'abbés ( et fera, elle aussi,
l'objet d'une étude particulière).
0n remarque que ces abbés, qui bâtirent la puissance temporelle de l'abbaye, bénéficièrent
de la terreur de l'An Mille qui régna au XI ème siècle.
En effet, la Fin du Monde annoncée devait se produire, soit 1 000 ans après le
naissance du Christ, soit 1 000 ans après sa Mort.
Il fut abbé de l060 à 1080.
En 1064, il reçut, de Falcon, l'église de Saint Bonnet en Marcy.
En 1078, il reçut, de Guillaume -Comte de Forez- l'église de Sainte Paule.
Il entoura la ville de l'Arbresle de murs, en raison des menaces de guerre.
Quelques vestiges en subsistent encore.
Il était tellement respecté qu'il avait une résidence dans les bâtiments du
chapitre de Lyon.
Les chanoines le considéraient comme s'il
faisait partie lui-même du chapitre des chanoines.
En 1070, il assista au synode d'Anse.
Il mourut le 8 juillet 1080. Il était resté vingt ans abbé et fut inhumé
dans le cloître, vers l'entrée du Chapitre.
Sur sa tombe, on écrivit :
Homme prudent et donnant des règles
Pour rechercher le bien véritable.
En outre, il laissait derrière lui une réputation d'érudit
pour avoir été l'auteur d'ouvrages très appréciés dans leur temps :
. deux bréviaires
. un missel
. un psautier "très bon"
. un recueil des décrets des pontifes
. un livre de médecine
Cette famille conserva la charge d'abbé pendant plus de 250 ans.
Lorsqu'il n'y avait pas d'héritier mâle, on attendait qu'il s'en présente un.
GUILLAUME D'ALB0N ( 1415 - 1456)
II appartenait à la famille des seigneurs de Saint-Férréol de Saint Forgeux.
Il était prieur à Montrottier quand il fut nommé abbé de Savigny en 1415.
Il eut une réputation d~homme pieux.
JEAN IV D'ALB0N ( 1456 -1492)
Il appartenait à la famille des seigneurs de Cuzieu-en-Cerzieu, dans le Forez.
Nommé abbé en 1456, il se montra très généreux pour les habitants de la
baronnie, lors de la famine de 1480.
FRANCOIS D'ALB0N ( 1493 - 1520)
Comme GUILLAUME I, il faisait partie des seigneurs de Saint-Férréol.
Il était camérier de Savigny lorsqu'il fut nommé abbé, en 1493.
Il fit construire le campanile de l'église Saint-Martin.
Le roi François Ier lui rendit les 925 livres qu'il lui avait prêtées, ce qui
-soit dit en passant- montre la puissance financière de l'abbaye à cette époque
( fin du X ème siècle).
ANTOINE D'ALB0N ( 1521 - 1573)
Quand il fut nommé abbé, il n'avait que quatorze ans et il fallut une bulle
papale.
Il fut également abbé de l'Ile-Barbe et devint archevêque de Lyon.
Pour ultime récompense de ses mérites, il obtint le titre de Vice-Roi des
provinces du Lyonnais et du Bourbonnais.
FRANCOIS II D'ALB0N ( 1607 - 1660)
On le trouve en qualité d'abbé en 1623. Il appartenait à la branche des
seigneurs de Saint-Férréol.
Il fut désigné Comte de l'église de Lyon, abbé et baron de Savigny.
CLAUDE II D'ALB0N ( 166? - 1681)
Il était chanoine, Comte et archidiacre de Lyon.
REMARQUE
C'est Antoine d'Albon qui -en 1547- afferma pour la première fois les revenus
et droits seigneuriaux de l'abbaye pour la somme de 2500 livres ( pour quatre
ans).
Cette pratique, funeste en ce sens qu'elle permettait aux abbés de résider
loin de l'abbaye et livrait l'institution à la rapacités de bourgeois lyonnais
-plus soucieux de rentabiliser un investissement que de l'entretien des bâtiments
amorça, de façon lente mais sûre le déclin de l'abbaye.
le moulin banal la doyenneté de Taylan
Pour approvisionner de bais l'abbaye, les serviteurs allaient de porte en porte
quêter les fagots.
Malheur à la maison qui restait fermée devant les religieux !
Les domestiques du couvent avaient le droit, le dimanche des Brandons, de venir
enlever portes et fenêtres et d'en faire un feu de joie.
(Dessin de Serge D)
Ils
partaient une robe "honneste et régulière" (conforme
à la règle), cousue devant et derrière jusqu'aux talons.
Les manches devaient être longues jusqu'aux poings. Elles n'étaient ni larges,
ni brodées, ni boutonnées.
Les moines avaient un chapeau rond, régulier, retombant sur les épaules, fendu
et coupé des deux côtés.
Leurs souliers étaient lacés et liés avec des courroies de cuir.
Ils étaient tonsurés. Défense était faite -en dehors des voyages- de porter
des chapeaux, même dans la ville de Savigny, même au marché de Sain Bel ou
aux foires de l'Arbresle lorsque les frères étaient obligés de s'y rendre
pour leurs affaires, à moins "qu'ils n'aillent à obvier aux pluies,
chaleurs et autres indispositions du temps"
L'abbé DALMACE décida que chaque obédience fournirait mensuellement le pain nécessaire
aux moines.
Il établit un droit sur la vente des bestiaux au marché de Sain Bel, droit qui
fut consacré à la nourriture des frères.
Plus tard, les moines décidèrent que ces revenus concernant la vente des
bestiaux au marché de Sain Bel seraient augmentés.
Comme ils n'avaient pas été perçus depuis longtemps, il fut décidé que
-chaque jeudi, à moins d'une occurrence de fête- le doyen donnerait du poisson
à dîner.
Ces droits de péage furent une source constante de conflits entre les abbés,
qui avaient tendance à les mettre dans leur escarcelle, et les frères.
Ces chicanes allèrent parfois même jusqu'au procès.
Ces droits devaient être assez considérables puisque leur montant était
suffisant pour servir un service de poisson à une communauté forte, à l'époque,
d'environ 200 personnes.
Ils prouvent l'ancienneté du marché de
Sain Bel, bientôt millénaire puisque
DALMACE fut abbé vers 1060.
Au cours de sa longue histoire, l'abbaye fut souvent victime ou objet de
guerres.
Ces malheurs l'affaiblirent parfois, mais la solidarité de l'institution était
telle qu'elle survécut à ces épreuves.
Vers 940, l'abbaye fut incendiée par une bande de Hongrois, les moines tués ou
dispersés, les documents détruits.
Une dizaine d'années après, elle était encore en ruines et sans vie
monastique.
Lors de sa reconstruction, les moines firent renforcer les moyens de défense.
Victorieux, ils écartèrent leurs rivaux.
Au XII ème siècle, les moines -devenus très puissants- contestèrent la
tutelle de l'archevêque de Lyon.
Aidés par le sire de Beaujeu, ils construisirent, vers I190, une forteresse sur
le Mont Popey, forteresse qui complétait celles de l'Arbresle, Sain
Bel,
Saint-Laurent de Chamousset et enfin celle de Montrottier.
En 1196, les armées de l'Archevêque attaquèrent ; elles s'emparèrent de
l'Arbresle, brûlèrent le château de Sain Bel, occupèrent Montrottier après
un rude siège et enfin matèrent l'abbaye.
Le Pape intervint Pour arrêter le conflit ; à la suite de son arbitrage, les
moines reconnurent la suprématie de l'archevêque qui -de droit était fondée.
Les "anglais" occupèrent l'abbaye d'où ils pillèrent les campagnes
voisines.
Vers 1363, l'abbé JACQUES signale cet état de fait.
Le chapitre promit cent florins à un maréchal pour les chasser. Pour trouver
cette somme, les chandeliers d'argent de la cathédrale furent mis en gage.
Pendant la guerre de Cent Ans, une bande de routiers mercenaires, commandée par
le sinistre Seguin de BADEFOL s'empara de Savigny, fin septembre 1363.
Ses ravages durèrent plusieurs années et en 1366 une seconde bande s'installa
dans l'abbaye. Les religieux furent dispersés et deux des moines tués.
Les villages des alentours ne furent pas épargnés ; aussi, en 1368, des
bourgeois de Bessenay se placèrent sous sauvegarde royale.
Ces routiers n'abandonnèrent le pays que contre fortes rançons et pour aller
piller ailleurs ; Bertrand DU GUESCLIN les dirigea sur l'Espagne où ils se
firent massacrer.
En 1562, une troupe de protestants, commandée par un lieutenant du Baron
des Adrets, s'empara de Savigny.
Les
déprédations sont mentionnées en 1600 sur le procès-verbal d'une enquête
de Français de FOURNILLON, chamarrier :
"Le Sieur Elie PEYRAUD vint à Savigny avec ses
troupes ; ils entrèrent dans l'abbaye, brisèrent les images et emportèrent le
plomb qui était autour du clocher, brisèrent un cabinet(le trésor), dont ils
forcèrent les coffres contenant titres et documents de l'abbaye qu'ils brûlèrent
à la porte de l'église et sur le place publique, ainsi que des images et des
meubles."
Ces autodafés
avaient pour but de s'attirer des sympathies paysannes, car
ces documents établissaient les droits seigneuriaux des abbés, et leur
destruction laissaient espérer une "désorganisation fiscale".
Les territoires sous la domination de l'abbaye étaient très étendus.
Ils allaient " de Lyonnais jusqu'en Forez", de
l'Arbresle et saint- Pierre-la-Palud à Tarare, Violay et Panissières, de Saint-Loup, les Olmes et Chessy-les-Mines à
Saint-Clément-les-Places, Brullioles et Courzieu.
C'était là une belle et forte baronnie, défendue par des forteresses et une véritable
armée de chevaliers et servants.
Il ne faut pas oublier les possessions lointaines de l'Abbaye dans les diocèses
de Saintes, Genève, Lausanne, Die, ...
Dans
les débuts, les abbés étaient élus par les moines qui choisissaient celui
qui leur semblait le plus apte à recueillir cette charge.
Du XIV ème au XVII ème siècle, la charge d'abbé devint héréditaire dans la
famille d'ALB0N.
Lorsqu'il n'y en
avait plus, on attendait qu'il en naisse un.
Au XVIII ème siècle,
"Voici venir, dit l'abbé Roux, les abbés commanditaires qui ne sont
plus tenus à résidence et pour lesquels le cloître n'est plus qu'un domaine
plus ou moins bien affermé".
En 1740, les moines demandèrent et obtinrent du roi Louis XV le maintien, et même
le renforcement, de leurs droits seigneuriaux.
Ces mesures entraînèrent dans les populations des rancœurs profondes car -en
bien des lieux- ces droits étaient tombés en désuétude ; l'argent perçu ne
correspondait plus avec les services rendus.
Un arrêt de 1753 renouvela l'obligation des quatre quartiers de noblesse.
L'abbaye était devenue -en quelque sorte- le refuge des nobles dénués de
ressources et aussi de vocation.
Ces abus, et beaucoup d'autres (
abbés commanditaires),
présageaient la fin de l'institution.
Il n'y avait plus assez de religieux pour occuper tous les offices ; la règle
était peu suivie.
En 1779, les moines demandèrent leur sécularisation. on leur accorda plus
qu'ils ne demandaient : brevet d'extinction et suppression du titre de l'abbaye
de Saint-Martin de Savigny.
La tour de l'horloge
Pendant
la Révolution, les bâtiments furent vendus comme biens nationaux et servirent
de carrière de pierres.
Les
habitants participèrent allégrement à leur destruction et se servirent des
matériaux récupérés pour bâtir fermes et habitations.
Ce pillage dura jusqu'au début de ce siècle. Il fit la fortune de certains
antiquaires qui expédièrent les plus belles pierres jusqu'en Amérique.
LA RENAISSANCE
Depuis quelques
années, une association, dite, "Renaissance de l'Abbaye", a entrepris
de redonner conscience aux habitants de la Commune de l'intérêt des vestiges
en place et des racines lointaines qu'ils représentaient.
Avec l'aide de la Municipalité, ils ont entrepris de les regrouper dans un musée
lapidaire.
L'ouvrage -de longue haleine- consacrera un nouvel état d'esprit envers ce qui
fut l'Abbaye Royale de Saint-Martin de Savigny.
blason le baptême
Ils sont relativement peu nombreux, mais non dénués d'intérêt.
La majeure
partie de ces restes date de la seconde moitié du XII ème siècle.
Les pierres les plus remarquables seront regroupées dans un musée lapidaire,
en cours de réalisation.
fontaine chapiteau
Il faut voir la Cène, touchante par sa simplicité, les chapiteaux dits
"Les Sirènes" ou "le Roi Salomon".
Les bâtiments sont de tous les styles ; les mieux conservés sont :
le Péage, sur la route de Saint-Romain de Popey
la Tour de L'Horloge, bel exemple d'architecture romane
la Chapelle de Saint-Léger, le vestige le plus ancien
la Chamarrerie, avec son porche d'entrée
la maison du Grand Prieur
La pièce la plus précieuse -une Vierge en bois du XII ème siècle.
Elle peut être admirée, en temps ordinaire, dans l'église.
La découverte de ces restes d'un passé glorieux peut être l'occasion d'une
promenade dans le vieux bourg et il suffira à chacun de laisser vagabonder son
imagination pour voir revivre l'antique abbaye royale de Saint-Martin de
Savigny.
le péage
Quel travail !
Attention, vous pouvez maintenant visiter le musée lapidaire
Visites commentées :
de
juin à septembre : chaque samedi à 15 h
de octobre à mai : le premier samedi de chaque
mois, à 15 h
(rendez vous devant la mairie)
Informations
Mairie
:
04 74 72 09 09
Office du Tourisme : 04 74 01 48 87